EDITORIAL :
Voici 750 ans, un très important événement troublait la quiétude du Judaïsme français : le «brûlement» du Talmud en place de Grève, qui fut l’épilogue d’une importante disputation entre rabbi Ye’hiel de Paris, l’une des hautes autorités de l’époque, et un renégat juif, Donin de La Rochelle, devant la reine de France, Blanche de Castille et l’épiscopat français. Ces événements marquent la fin d’une période et d’une école, celle des tossafistes français, et le départ d’une autre histoire, celle des quelques centaines de talmudistes français qui se rendent alors en Erets Israël pour fuir les Croisades, et les autres difficultés que l’Europe leur réservait, formant l’une des pre-mières ‘alyioth de l’ère moderne, dont les traces se perdent bien vite dans les brumes de l’histoire. Ces faits vont également marquer un autre plan de l’Histoire : celui de l’antisémitisme moderne, qui reçoit à cette occa-sion un document décisif, utilisé par la suite, des siècles durant, celui de la traduction en latin de certains textes talmudiques percutants ou délicats, que Donin aura plaisir à dévoiler à une Eglise qui ignorait tout de ce que représentait le Talmud pour les Juifs, et des thèses qui s’y trouvaient.
Voilà donc 750 ans (ou un peu plus comme on le verra) que ces événements capitaux pour le Judaïsme français ont eu lieu, et Kountrass a voulu commémorer cette date par la présentation d’un dossier
à ce sujet : le lecteur y trouvera l’historique de cette période, ainsi qu’une traduction de la disputation qui opposa rabbi Ye’hiel à Donin.
Ce numéro propose également une étude sur les «Superstitions et présages», tentant de définir les démarches prohibées, et de savoir sï certains «porte-bonheurs» sont malgré tout permis… L’interview d’un rav spécialiste des questions ayant trait au judaïsme et à l’éthique médicale, ainsi que les lignes que nous a adressées un collaborateur, qui vient de passer six mois à restaurer les cimetières de Debdou, au Maroc, intéresseront certainement nos lecteurs. Nous nous devions aussi de consacrer quelques pages à l’un des bâtisseurs du Judaïsme francophone contemporain qui vient de disparaître, rav Elie Rotnémer z. 1., quand hélas les média français citent trop souvent son nom depuis sa disparition. Nos lecteurs demandent de plus en plus à s’exprimer dans nos colonnes, fait qui nous encourage beaucoup dans notre travail, car il nous prouve combien Kountrass est lu de près !
Rav H. Kahn
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