L‘histoire est celle d’une jeune fille d’une petite communauté rurale, qui, au grand dam de sa famille et de son entourage, a quitté le giron familial et la foi de ses ancêtres, pour aller
vivre avec un quidam du village, bien entendu nonjuif ! La communauté était complètement bouleversée. Une délégation se rendit alors chez le rav, pour qu’il tente de la dissuader. C’est ce qu’il fit.
– « Ma fille, lui dit-il, que s’est-il passé ?
– Il faut me comprendre : quand mon père revenait de la shoule aux jours les plus saints de l’année,
il était plein d’inquiétude ! ‘On a prié, on s’est repenti, on a demandé pardon, et qui sait si cela a été
suffisant ?’ Alors que mon mari, avec quelle joie ne revient-il pas de son lieu de prière, et se rend avec
ses amis à la taverne pour boire un coup et exprimer sa satisfaction !
– Ah, je comprends. Mais il faut que tu prennes conscience de la différence entre lui et ton père :
lui est descendant de ‘Essav, ton père de Ya’akov. Ces deux-là, nos ancêtres, ont établi un pacte entre eux : Ya’akov va recevoir le monde futur, et ‘Essav le monde d’ici-bas. Les descendants de ‘Essav profitent
du monde à pleins bras, sans nul doute, dans la joie et dans le plaisir. Ceux de Ya’akov pensent au monde futur : ce n’est qu’en se questionnant sur leur conduite à avoir dans cette antichambre qu’est le monde d’ici-bas, en vue du monde futur qui les attend, qu’ils peuvent espérer y arriver la tête haute, et à jouir des plaisirs réservés à ceux qui y ont droit ! Si Ya’akov profitait du calme ici-bas, ou si ‘Essav était dans une situation angoissée et nerveuse, cela serait contraire à leur essence et à leur mission sur terre ! »
Le plus simple est d’imaginer que l’on s’approche de l’heure des grands changements, où il sera aussi question de faire payer les Nations quelques factures restées ouvertes (l’inquisition, l’expulsion des Juifs d’Espagne, de France et d’ailleurs, l’affaire Dreyfuss et la Shoah, et le reste)… Ce moment correspondra naturellement aussi à celui où le peuple juif, jeté par-ci, rejeté par-là, arrivera à la tranquillité et au calme, sous la tutelle du roi Machia’h, à Jérusalem, bientôt, que cela soit de
nos jours, à l’image de ce qui est dit dans le verset à la fin de la prophétie de Yoël (chap. 4) : « Vous reconnaîtrez alors que c’est Moi l’Eternel, votre D’ ; Je résiderai à Sion, Ma sainte montagne… L’Egypte
(= Yichma’ël, cf. Radak) sera une solitude, Edom (= Rome) un désert délaissé, en raison de la violence exercée sur les fils de Yehouda, dont ils ont versé le sang innocent dans leur pays. Yehouda, au contraire, sera habité à jamais, et Jérusalem de génération en génération ! »
Que nos lecteurs, et tout le peuple juif, aient effectivement droit à une année de calme et paix, riche en projets spirituels, après tant d’années de souffrances et de perturbations !
Rav H. Kahn
ou