EDITORIAL :
Quel sujet plus adéquat pour le mois de Eloul qui s’ouvre devant nous que celui de la Techouva ! A dire la vérité, l’enquête consacrée dans le présent numéro elle aussi à cet égard nous a révélé un point qui nous a semblé intéressant, et nous voudrions faire part de cette découverte à nos lecteurs. Peut-être que cette importante donnée leur a échappée à eux aussi. En Terre sainte, ce sont les jeunes qui sont de nos jours à la pointe de la Techouva : des adolescents d’entre 13 et 16 ans sont capables de revenir à la Tora et à la pratique, de tout abandonner de leur vie précédente et de rejoindre la Yechiva, alors que jusqu’à présent, nous pensions que ceux-ci avaient le sentiment que tout s’ouvrait devant eux, et que la dernière chose qu’ils songeaient à faire était d’aller « s’enfermer » dans une Yechiva I Comment comprendre ces adolescents qui font le contraire, et rejoignent le monde de la Tora ? La réponse semble être que toutes les idéologies sont mortes ! La preuve ? On ne trouve plus de professeurs qui « y croient », qui enseignent avec fougue et foi les sciences ou l’histoire, ou la philosophie. Tout est devenu matière à étude, mais la vie n’est pas là.
Prenons donc conscience de ce fait-là pour nous également : la force du judaïsme repose dans la capacité à se renouveler, à sentir à quel point la Tora est neuve, innovante, fraîche. Rachi, sur ce verset que nous disons deux fois par jour, dans le Qiriath Chema, introduit cette idée dans le verset lui-même ! Quand la Tora dit » Ces devoirs que Je t’impose aujourd’hui seront gravés dans ton coeur. »
Rachi commente : « … Que Je t’impose aujourd’hui – que ces choses-là ne soient pas à tes yeux comme un vieux décret que personne n’intériorise plus, mais comme une idée nouvelle, vers laquelle tous se précipitent. » La Tora attend donc de nous tout un effort dans ce sens, afin de garder frais dans notre esprit et dans notre conduite le message que l’Eternel nous a donné voici quelques millénaires. Cet enseignement, nos parents et nos grands-parents le connaissaient déjà et n’avaient pas manqué de le pratiquer, mais chaque génération doit le recevoir à nouveau, l’approfondir par l’étude, par le questionnement et l’interrogation – même les plus contestataires – pour découvrir l’originalité et la force de la Tora dans notre génération ! Décrypter chez soi les difficultés que notre nature nous pose et comprendre, face à la Tora, en quoi ses réponses sont actuelles et personnifiées, clairement faites pour nous permettre de dépasser nos défauts et pour nous éduquer à nous plier devant le Maître du monde, Auquel nous devons notre vie et notre souffle. Si nous suivons le programme de la Tora comme il le faut, ces jeunes qui viennent vers le monde de la Tora auront désormais pour référence ces enseignants – les seuls maîtres qui aient encore la foi et qui sont toujours prêts à se sacrifier pour leurs idéaux, et à écouter autrui de la manière la plus altruiste possible.
Rav H. Kahn
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