Revenons à la vie courante…
Nous voici après la fête de Chavou’oth, et nous revenons à présent à la vie courante. Que devons-nous conserver en notre mémoire de ces jours spécifiques ? La Guemara (Pessa’him 68a) rapporte que rav Yossef disait le jour de Chavou’oth : « Préparez-moi un agneau de qualité, car si ce n’est ce jour qui l’a entraîné, combien de Yossef peut-on trouver sur le marché ! » Ce Sage de la Guemara voulait ainsi marquer sa reconnaissance envers l’Eternel pour avoir donné au peuple juif le jour de Chavou’oth, avec le don de la Tora, car sans ce moment exceptionnel, que serait-il devenu ? Des gens qui portent son nom, Yossef, abondent sur le marché, mais des « rav » Yossef, non ! Rachi explique que ce jour, jour du don de la Tora, « m’a grandi ». Rav Chéchet, pour sa part, est rapporté dans ce même texte de la Guemara comme disant à son âme de se réjouir : « Réjouis-toi, mon âme, réjouis-toi, mon âme, car j’ai appris les versets pour toi, et j’ai appris les textes talmudiques pour toi ». Le Maharcha explique cette redondance de l’expression « réjouis-toi, mon âme », comme faisant allusion aux divers niveaux de l’âme ainsi que l’explique le Rambam dans ses Huit Chapitres (introduction au traité Sanhédrin). Toutes les composantes de la personnalité sont concernées par l’étude de la Tora, et peuvent en ressentir l’impact. Au contraire, c’est la raison pour laquelle, selon le Beth haLévy (par. Yitro), nous sommes tenus de bien manger ce jour-là, comme le dit la Guemara (id.) : « Il faut également vous occuper de vous-mêmes », ne pas jeûner, mais effectuer des repas importants. Les anges, rapporte ce rav, ont demandé que la Tora leur soit donnée (Chabbath 88b, et Tehilim/Psaumes 8,2) : « Eternel, notre Seigneur ! Que Ton Nom est glorieux par toute la terre ! Car Tu as répandu Ta majesté sur les cieux. » L’Eternel a demandé que Moché leur réponde, ce qu’il fit en leur disant qu’ils n’avaient pas de côté matériel, et que donc nombre des mitswoth de la Tora, justement dirigées vers l’aspect physique des créatures, ne pouvaient les concerner.
C‘est pourquoi, parachève le Beth haLévy, nous devons accorder au corps sa part également, précisément en ce jour, car c’est à lui que les mitswoth s’adressent ! Concluons pour notre part, à partir de ces quelques idées : l’étude de la Tora peut nous grandir, c’est-à-dire nous amener à quitter l’anonymat de notre nom – semblable à ceux d’autant d’individus que l’on voudra sur les places publiques, plongés dans les vanités matérielles et physiques – pour accéder à d’autres niveaux, spirituels cette fois connectés à la Tora et aux mitswoth, et nous élevant dans la sainteté et la pureté. Notre âme, sous toutes ses composantes, ne pourra que s’en réjouir. Or le monde actuel se livre à une attaque terrible contre toute dimension s’élevant, ne serait-ce que de quelques centimètres, au-dessus du sol. Plus une personne vit sur la place publique, plus elle ressent ces agressions – et de nos jours, nul besoin de sortir de chez soi, l’ordinateur livre toute l’impureté du monde en deux temps, trois mouvements… Il faut savoir réquisitionner toutes les manoeuvres de défense possibles et imaginables contre ces assauts ! Même s’il s’agit de songer à devenir rav, enseignant en Tora ou autre (« Tora chélo lichma ») ; même si cette défensive passe par un bon repas, le jour de Chavou’oth, en l’honneur du don de la Tora. Car ces attraits quelque peu physiques (devenir une personnalité dans la communauté, ou profiter d’un repas) peuvent nous permettre de contrer les immenses et viles attaques que le modernisme nous impose. Tous les moyens sont bons. Notre période est de toute évidence celle précédant les grands moments de la fin de l’ère actuelle, et les Guedolim n’ont cesse de le dire. Nous vivons ce qui est décrit dans le psaume du Chabbath (92,8) : « Si les méchants croissent comme l’herbe, et que fleurissent tous les artisans d’iniquité… », avant que le grand Chabbath de l’humanité n’arrive. A nous de ne pas céder, et de savoir que, sous peu, ces forces vont encourir une ruine totale (id.). A nous de maintenir en nous l’impact du don de la Tora, de nous renforcer en son étude, et de nous rapprocher de ses Sages, afin de nous imprégner le mieux possible de la sagesse qui y est enfouie, et d’échapper ainsi aux dures épreuves de la période de la venue du Machia’h ! •
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