Ils cherchent tous là où il n’y a pas de réponse !
La présente période interpelle : l’antisémitisme, ou plutôt l’antisionisme qui sert de couverture à ce genre de sentiments, prend des proportions inquiétantes dans le monde entier, en France en particulier, mais partout ailleurs, y compris aux Etats Unis. Comment interpréter ce phénomène ? Si nous nous tournons vers les historiens, les penseurs ou les journalistes, nous n’obtiendrons aucune réponse ! Les uns ne pourront que parler d’un retour périodique de troubles de cet ordre ; les autres chercheront du côté des éventuels problèmes économiques ou politiques ayant lieu dans le monde, ce qui, en fait, n’apportera aucun élément de réponse en la période actuelle ; les troisièmes ne pourront que constater que telle est la triste réalité, avec ses crises et ses excès, mais de là à apporter une vraie réponse, non, ils n’en sont pas capables. Et c’est normal : ils cherchent tous là où il n’y a pas de réponse ! Car ce n’est pas dans les conjonctures mouvantes que l’on pourra trouver des réponses à ce phénomène redondant, de génération en génération. Nous sortons de la lecture de la meguila de Pourim. Nous pouvions y déceler la manière dont eux, Mordekhaï et Esther, ont cherché alors à comprendre l’origine de la menace de génocide total qui planait alors sur le peuple juif. Déjà alors. « Haman résolut donc d’anéantir tous les Juifs établis dans le royaume d’Assuérus, la nation entière de Mardochée » (Esther 3,6). Esther, informée de cette nouvelle, envoie un messager à Mordekhaï : « Alors Esther appela Hatakh, un des eunuques du roi qu’on avait attaché à son service, et le dépêcha à Mordekhaï pour savoir ce que cela voulait dire » (id. 4,5). Nos Sages expliquent sa question (Meguila 15a) : « Peut-être est-ce du fait que les enfants d’Israël ont transgressé les cinq rouleaux de la Tora ? » Elle ne s’est donc pas tournée vers l’événementiel, mais bien sur le fond, sur les motifs spirituels qui pouvaient sous-tendre la période périlleuse dans laquelle l’ensemble du peuple juif était alors plongé.
Nous ne disons pas que nous sommes en mesure de décrypter réellement la situation délicate qui est la nôtre, quand l’antisémitisme se déguisant sous l’antisionisme est en plein développement, que l’Eternel ait pitié de Son peuple ! Nul n’est prophète parmi nous. En revanche, un élément doit être clair : la présente crise a des raisons, qui sont spirituelles ! A nous d’en prendre conscience. A défaut d’une idée permettant de comprendre le phénomène dans son ensemble, à nous de capter quelles peuvent en être les motifs à notre propre niveau – et là, c’est déjà bien facile : « Le coeur connait les problèmes de son âme » (Michlé/Proverbes 14,10), chacun est en mesure de jauger ses propres faiblesses et ses défauts, et donc de déterminer sa part personnelle dans les difficultés de l’ensemble du peuple d’Israël, afin d’améliorer sa conduite, d’aller plus au Beth haMidrach ou à la synagogue, aider les autres d’une manière plus sérieuse, respecter le Chabbath et les fêtes, etc, etc. Le premier pas consiste à prendre conscience du fait que rien ne se passe avec le peuple d’Israël sans que des raisons spirituelles n’y soient impliquées. Nous souhaitons à tous nos chers lecteurs Pessa’h cacher vesaméa’h !
Rav H. Kahn
OU