Avant Pessa’h…
Nous voici à présent avant Pessa’h. Nous sortons tous d’une période difficile, de laquelle nous espérons être délivrés. Les Juifs de France ont connu l’un des hivers les plus rudes qu’ils aient eu depuis de longues décennies, marqués par les événements tragiques que l’on connaît. Les Juifs de Terre sainte sortent d’une période délicate, d’élections, qui ont fait surgir sur la place publique beaucoup trop de haine et de mépris mutuel entre les candidats, et entre leurs partis. Le peuple juif tout entier constate avec amertume que l’ancienne haine toujours éprouvée à son égard reprend le dessus, sous le couvert de l’antisionisme soit, mais de la haine tout de même, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Sans oublier les menaces bien plus concrètes encore qui n’ont cesse de se dresser contre nous, de toutes parts, en particulier en Erets Israël. Bien sûr, nous sommes loin des tragédies d’antan, des massacres et des pogroms, que l’Eternel nous en protège ! Mais nous avons tous le sentiment que la période que nous venons de vivre était très éprouvante, et nous aspirons à une délivrance, pour revenir au calme dont nous jouissions auparavant. Et la fête de Pessa’h peut nous apporter cette sérénité ! Nous avons tous les jours l’obligation de nous souvenir de la sortie d’Egypte, mentionnée dans le Qriyath Chema’. Le Chabbath, voyons-nous dans les Dix Commandements, est le « souvenir de la sortie d’Egypte ». Pourquoi ce moment historique de notre peuple est-il si capital ? Parce qu’il nous a prouvé incontestablement la capacité illimitée de l’Eternel de changer les données du monde, sous toutes les coutures, comme en témoignent les dix plaies. Et d’un point de vue politique, n’a-t-Il pas mené un plan remarquable, amenant Pharaon à passer d’une position de force inouïe – « aucun esclave ne pouvait quitter l’Egypte » – lui-même se prenant pour une divinité, à celle dans laquelle il doit céder devant la ruine de l’Egypte aux exigences de l’Eternel présentées par Moché et Aharon, libérer un peuple tout entier, et va finir par périr avec toute son armée, manipulé qu’il était par la Force divine durant toute la période, « afin de faire savoir que Je suis l’Eternel » ? Profitons de cette fête de Pessa’h pour nous sentir nous mêmes libérés d’Egypte, afin de comprendre à quel point la Main de Hachem est capable de nous guider dans l’ensemble des événements qui nous concernent et nous conduire vers une meilleure période.
Quand on y réfléchit, cette conception est totalement révolutionnaire pour la plupart d’entre nous : ne nous laissons- nous pas entraîner à la vision courante, celle qui fait les comptes des chars et des avions, et en fonction de la supériorité numérique des uns, n’allons-nous pas conclure de quel côté est la victoire ? Or en Egypte, nous étions un peuple asservi et faible, totalement exploité par un pouvoir des plus puissants qui soient, et pourtant l’Eternel a fait preuve de Sa force ! C’était vrai alors, et c’est vrai à chaque génération : le peuple juif a connu, voici 70 ans, une période d’esclavage et d’anéantissement total, et pourtant, la Pitié de l’Eternel envers Son peuple a fait que nous nous en remettions, reconstruisions sur nos ruines et continuions sur la voie tracée par la Tora, d’une certaine manière même mieux qu’auparavant. Dans le texte lu par certaines communautés le jour de Pessa’h, quand nous proclamons « Tal », le passage à l’intercalation de l’hiver à celle de l’été sur le plan des prières, certaines communautés y disent : הֲכָעֵת תְּחַדֵּשׁ יָמֵינו , « Est-ce le moment où Tu vas renouveler nos jours ? », nous donner une meilleure direction, un nouvel essor… ? Souhaitons-le pour tout le peuple juif !•
Par Rav Henri Kahn
L’étude de la Tora au Maroc
J’aurais une petite anecdote à ajouter à tout ce que vous avez écrit sur la Tora au Maroc : le rav ‘Hazan venait d’un village quelconque du Maroc. Il avait à l’époque parcouru toutes les villes du Maroc pour trouver un Tanakh afin d’enseigner à 18 élèves qu’il avait et dont ses 18 sont tous sortis des Talmidé ‘Hakhamim. Il était pauvre et tout l’argent qu’il gagnait était destiné à nourrir ses élèves afin qu’ils étudiassent. Son épouse portait du bois sur son dos afin de le vendre et nourrir ses élèves. Il avait deux fils, un Moché et l’autre David à qui il lui a dit qu’il sera cho’het. Dès qu’il eut finit d’apprendre la che’hita, il égorgea un poulet dont le père en mangea et ensuite, le fils dit au père, c’est bon, tu as goûté, alors maintenant terminé, laisse-moi étudier tranquille ! Il est décédé à 108 ans et a consacré toute sa vie au limoud et à l’enseignement.
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