Lendemain de Passa’h
Quels doivent être, en fin de compte, nos sentiments au lendemain de Pessa’h?
Le Ramban livre, à la fin de la parachath Bo ( Chemoth!Exode13,16), une grande idée concernant la sortie d’Egypte : « Des grands miracles qui se sont déroulés aux yeux du monde entier, on en arrive aux miracles discrets … » – ceux qui nous arrivent au quotidien, quand tout marche bien et même quand les choses ne suivent pas la voie que nous souhaitions, sans oublier le fait, constant quant à lui, que parmi les innombrables cavités et les nombreuses ouvertures de notre corps« aucune d’entre elles ne cesse de fonctionner car si cela arrivait, il est su devant le Trône céleste que nous ne pourrions rester même une heure en vie. »
La toute-puissance de l’Eternel s’est dévoilée aux habitants du monde entier lors de la Sortie d’Egypte. L’humanité en a été troublée, car elle a dû constater que l’ordre naturel n’était pas celui qu’elle pensait, mais dépendait au contraire totalement et sous tous les angles, dans le ciel et sur terre, dans le règne végétal, animal et humain, de la décision absolue du Maître du monde Qui domine tout, absolument tout.
Quant à nous, nous devons déduire de cette grande révolution idéologique qui s’est imposée alors, un changement total dans notre conception : tout ce qui nous arrive, même les éléments les plus banals tels que le fait de se soulager, est connu du Maître du monde et ne passe pas inaperçu de Son Trône céleste, ainsi que nous le disons textuellement dans cette remarquable bénédiction qui est celle dite après avoir fait ses besoins les plus élémentaires de l’homme : « Il est dévoilé et su devant le Trône de Ta Gloire … »
Telle est la réalité, ainsi la Tora nous l’apprend et nos Sages nous la montrent. Le Ramban continue en expliquant que ces notions forment la base de la Tora tout entière:« On n’aura de part dans la Tora de Maché notre Maître que si nous sommes conscients que tout ce qui nous concerne et tout ce qui nous arrive résulte de miracles – en aucune manière de la nature ni de la conduite habituelle du monde, que cela concerne le public ou l’individu. En conséquence, si l’on accomplit les mitswoth, le mérite qu’on en tire nous aidera à réussir, et si nous passons outre, le châtiment nous fera disparaître, tout ceci selon la Volonté divine … »
Pessa ‘h nous invite donc à un retour intellectuel vers une compréhension nouvelle et différente de notre vie : tout dépend de l’Eternel, même les plus fins détails de notre existence. Il ne nous reste plus qu’à nous soumettre à Sa volonté et à accomplir Ses ordres, pour espérer que la récompense ne tarde pas à venir – si, toutefois, nos grandes fautes et le retard pris à faire Techouva ne font pas que nous devions attendre avant de voir la réussite promise par Hachem.
Or, justement, nous passons actuellement quarante-neuf jours à nous purifier, à œuvrer afin de nous hisser de l’impureté de l’Egypte dont nos Sages disent qu’elle englobait tous les domaines de la vie, nous plongeant jusqu’à la quarante-neuvième porte de l’impureté, pour arriver à remonter cette longue pente et à parvenir le cinquantième jour à Chavou ‘oth, purifiés de toute l’opacité matérielle égyptienne (et autres) et adhérant de tout notre être au summum de la sainteté et de la foi. De quoi parle-t-on ? De tout : de l’impureté comprise de la manière la plus élémentaire, des actes pervers, des pensées de stupre et de fornication, en passant par toutes les mauvaises conduites imaginables, la malhonnêteté, le manque de respect d’autrui, le manque de soin apporté dans l’éducation de nos enfants, et le reste à l’avenant.
Il s’agit donc d’un programme éducatif de toute première importance et d’une portée extraordinaire, qui s’ouvre devant nous. De grâce, faisons tout pour ne pas rater cette remarquable occasion cette année !
Nous voyons dans le présent numéro les remarquables efforts déployés par les générations nous ayant précédés pour accomplir de tout leur cœur les préceptes édictés par la Tora, dans les périodes les plus effroyables que notre peuple a connues. Leur conduite héroïque doit nous servir d’exemple à nous, afin que personne ne nous empêche de respecter toutes les mitswoth de la Tora …
Rav H. Kahn
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