Comment faire son choix ?
Les élections en Israël vont avoir lieu sous peu, le 9 avril précisément. La vie politique du pays connait, comme on pouvait se l’imaginer d’importants troubles. Des alliances se font et se défont, des candidats se présentent, et bien d’autres qui savent pertinemment qu’ils n’ont aucune chance d’arriver à un résultat concret et sérieux. Le tout repose finalement sur le « peuple », sur l’avis des gens. On appelle cela la démocratie, le gouvernement du peuple. Un phénomène semble, cette fois-ci, prendre de l’ampleur : celui du choix des électeurs, lequel repose sur rien ! Sur une mode, sur un sentiment, sur du flou. C’est très inquiétant. Prenons l’exemple de Benny Ganz, chef de file du nouveau groupe « ‘Hossen Israël » (la force de résistance d’Israël). Cet ancien général en chef est doué d’une qualité intéressante, il est vrai : il sait se taire ! Oh que cela est rare, en particulier dans nos contrées. Mais quand il s’agit de comprendre un peu mieux dans quelle partie de l’échiquier politique cet homme se trouve, cela est déjà plus délicat : comme il ne fait aucune déclaration, il est impossible de le savoir… Le public s’est du reste récemment exprimé à cet égard : pour environ un tiers des gens, Ganz est positionné à Gauche, un autre tiers pense que ses racines sont situées à Droite, et un dernier tiers dit la vérité, c’est-à-dire n’en rien savoir… Ceci n’empêche pas Ganz d’avoir actuellement assez d’intentions de vote pour lui permettre de réunir 16 députés, ce qui est tout simplement énorme. Nos Sages approuvent le silence et la discrétion (cf. Avoth/Maximes de nos Pères 3,13), mais quand il s’agit, comme ici, de faire son choix sur une personne, ou un groupe qu’il dirige, afin qu’elle prenne les affaires du pays en main, est-ce tellement conseillé que l’on en décide en fonction d’une mode, d’une apparence, d’une qualité de cet ordre, pour importante qu’elle soit ? Cela ne sera pas la première fois, loin de là : on a déjà vu un groupe politique sympathique accéder à la Knesset, celui des retraités, et c’est vrai qu’il faut les aider, mais est-ce tout le problème du pays ? N’y aurait-il pas des questions de sécurité et d’économie, des problèmes sociaux et humains, à résoudre ?
Le verset dit déjà : « Même le sot, s’il sait se taire, passe pour sage ; pour intelligent, s’il sait tenir ses lèvres closes » (Michlé/Proverbes 17,28)… Nul doute qu’un personnage, qui a été général en chef, ne peut pas être soupçonné d’être un esprit stupide. Mais comment s’expliquer qu’une telle quantité de personnes s’engoue en sa faveur, quand, objectivement, on ne peut pas savoir ce qu’il veut ? C’est plus qu’inquiétant. Pour notre part, bien évidemment, la voie a toujours été dans le pays celle tracée par les Grands de la Tora : des partis ont été fondés par eux, avec les nuances existantes entre les diverses tendances ; ces groupes sont placés sous leur direction, et ne font rien sans que ces grands rabbanim ne le leur permettent. Les hommes en place sont connus, leurs positions sont déclarées, leurs qualités sont incontestables et reconnues de tous. Nul doute qu’il faut voter pour eux, et ne pas se laisser tenter par des groupes inconsistants et des personnalités silencieuses – ou trop bruyantes, on comprendra bien que cela n’est pas le problème, sauf que dans la présente occurrence, une limite a été dépassée, et cela est fort gênant.
Rav H. Kahn
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