« Tu seras tributaire de ton frère. Pourtant, après avoir plié sous le joug, ton cou s’en affranchira » (Beréchith/Genèse 27,40).
‘Peut-on imaginer déclaration plus moderne et plus actuelle que celleci ? Les forces du mal ont reçu une puissance inimaginable, dès le début de la Création. Là, en ces temps tellement reculés, ce message est livré à Caïn par l’Eternel Lui-Même, après l’assassinat d’Abel. Mais par la suite, et jusqu’à ce jour, cette oeuvre continue à se perpétuer avec puissance et ces forces influencent les hommes pour les précipiter dans les abîmes du mal absolu. Rien de neuf sous le soleil. Ces temps-ci, le monde entier est soudain témoin de deux grands axes d’action de ces forces. L’une se situe dans le domaine financier : aux côtés du pauvre contribuable, qui peine à payer ses impôts, les grandes fortunes du monde s’organisent pour échapper à cette imposition, via des bureaux spécialisés dont la vocation est de les aider à trouver refuge dans la plus grande discrétion dans divers « paradis fiscaux ». De la sorte, ce ne sont que les imbéciles heureux qui participent à l’effort national, chacun dans son pays ; les grandes fortunes savent comment s’y prendre pour s’épargner une telle peine… Le vol est manifeste, l’oppression du pauvre évidente. L’autre est tout aussi affligeante : il s’avère tout d’un coup, que nombreuses sont les personnalités connues qui profitent de leur prestige pour ne pas se gêner de se conduire mal avec leur entourage, dans le domaine intime que l’on sait. Des femmes, des hommes commencent à parler, et des témoignages en provenance du monde entier viennent noircir des personnalités importantes, dont certaines ont même dû démissionner du fait des accusations qui leur sont portées. Pour ces gens haut placés, « l’autre » n’est qu’un objet duquel on n’hésite pas à abuser.
Car ces forces sont là, depuis la Création. Elles n’ont jamais perdu de leur puissance, mais vont en augmentant, et l’effet du « Yétser hara' », ainsi qu’on le nomme dans le judaïsme, est aussi frais qu’au jour de son lancement. Il peut frapper partout, chez tout le monde, avec une puissance que l’on ne peut imaginer – tant qu’on n’est pas tombé sous sa coupe. Et alors… En effet, alors, ou mieux encore, auparavant, quelle est la solution-miracle qui peut nous permettre de lui faire face, de le contrer ? L’Eternel livre la réponse à Caïn : « Sache le dominer ». Disons la vérité : ce n’est pas une chose facile que de pratiquer la formule que l’Eternel propose à son antique interlocuteur. Si l’on a à ses côtés la Tora, qui, justement, est là pour nous aider à nous dominer et à lutter contre le Yétser hara’ – comme le disent nos Sages : « J’ai créé le Yétser hara’, J’ai créé la Tora comme épice (ou remède), si vous vous consacrez à étudier la Tora, vous ne serez pas l’objet de ses attaques » (Baba Bathra 16) – il y a espoir de parvenir à dépasser ces incitations au mal. Mais quand ce n’est pas le cas, quel espoir peut-il y avoir ? En fait, autrefois, les hommes vivaient encore selon une certaine morale, et ils parvenaient d’une manière ou d’une autre à résister aux attaques de ces forces. L’humanité a détruit ces remparts, l’honnêteté n’est plus de mise, la pudeur est démodée, l’homme est libre – d’être la proie de ses passions, et tout est devenu possible. L’humanité ne peut que reculer, en fonction de la libération des moeurs et des conduites qu’elle s’est elle-même accordée. La formule sociale aberrante et terrifiante à laquelle Sodome et Gomorrhe sont arrivés en leur temps n’est plus loin de notre génération. Vous vous souvenez de la manière dont cette séquence s’est terminée ? Il faut, urgemment, que l’humanité se reprenne, rejoigne des règles de morale et de retenue, sous peine d’en arriver au même sort ! ●
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