Les Orthodoxes dans le système
Une nouvelle page semble s’ouvrir sur la manière dont le monde orthodoxe est présenté dans les média israéliens: longtemps, les moindres défauts de cette communauté étaient relevés et jetés en pleine figure. Cela change actuellement, et le fait mérite d’être relevé, même si nous ne sommes pas certains que leur opinion ait autant changé qu’ils veulent nous le faire croire.
Prenons par exemple le spectacle de Justin Bieber (pour qui ferait partie des heureux qui ne connaissent pas ce personnage, c’est
un jeune chanteur pop canadien qui attire des foules de fans déli- rants) auquel a assisté une jeune orthodoxe (les media soulignent avec insistance son appartenance religieuse) se trouvant au der- nier mois de sa grossesse. L’émotion, et peut-être aussi la pres- sion de la foule, l’a amenée à un accouchement précipité. Mais, la pauvre, elle a eu une fille si elle avait eu un garçon, dit-elle, elle l’aurait nommé Justin… La honte ! Que l’on nous permettre de croire que cette jeune femme ne fait pas tout à fait partie de
la communauté orthodoxe. Un autre exemple : la polémique sur (la position des orthodoxes face à Yom hazikaron, ou Yom ha’atsmaouth. Les média (y compris les sites dits religieux, sans oublier divers organes francophones se présentant comme émanant de la communauté orthodoxe) font tout pour convaincre le public que ces jours de mémoire et de célébration prennent, de plus en plus, une place dans le monde orthodoxe.
Il est vrai que de nombreux rabbanim ont profité du jour de congé obligatoire en question pour organiser des journées d’étude de la Tora non-stop, et c’est remarquable : puisque les gens ne vont pas au travail, autant les inviter à l’étude ! Est-ce que cela signifie quelque chose d’autre ?
Le jour précédent, consacré à la mémoire des soldats et autres disparus : c’est vrai que le public orthodoxe conçoit de plus en plus qu’il est inutile de protester publiquement contre la fameuse minute de silence consacrée à la mémoire des disparus, et évi- tera de se trouver sur la place publique à la minute en question, mais cela prouve-t-il quelque chose ? La minute de silence nous pose problème, car c’est une conduite non-juive. Notre tradition parle plutôt de kaddish, d’étude de Michnayoth, de Tehilim en la mémoire des disparus…
Il est vrai que le rav Ya’akov Litsmann, ministre de la Santé, a déposé une gerbe en la mémoire des disparus, ce qui n’est pas non plus vraiment une tradition du peuple juif, mais, fonctionnaire d’Etat, pouvait-il faire autrement ? Et cela signifie-t-il une adhésion à cette conduite ? Certainement pas.
D’autres rabbanim, et non des moindres, ont pu prononcer dans le temps des discours en célébrant Yom ha’atsmaouth comme un tour- nant positif dans l’histoire du peuple juif. Cela signifie-t-il réellement avec les refus du passé.
L’un des défis contemporains se situe précisément dans cette prise de conscience : transcender l’épreuve pour mieux tremper notre foi en un Créateur soucieux de don- ner une direction positive à la Création. L’image donnée par le ‘Hazon Ich dans son livre Emouna ou-Bita’hon illustre le mieux cette attitude. « Le Créateur, écrit-il, ressemble à un ingénieur génial qui a créé un univers bien organisé, en a retiré les obstacles, en a évité les pièges ». Le ‘Ha- zon Ich signifie par-là que les difficultés,les obstacles, qui font partie intégrante de la Création, ne contredisent nullement la perfection de Sa Création. Sachons dépas-ser les difficultés qui n’ont pas pour but denous décourager mais plutôt doivent nous aider à comprendre qu’elles sont un élé- ment de la construction d’un monde meil- leur.
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