176 – Juin 2014 – Les Sobbotniks ces Russes respectant le Chabbath

Sartre dans Kountrass ?

Comme toujours, j’ai grand plaisir à recevoir et à lire votre journal. J’estime qu’il est unique dans le domaine francophone, voire même mondial, en ce qu’il ose présenter en toute franchise le point de vue juif authentique, selon la Tora, sur les questions qui interpellent notre génération, et que tant de courants d’idées erronés ont rendues confuses. Vous m’avez toutefois étonné, voire choqué, par un élément rapporté dans votre dernier dossier, concernant la Sinath ‘hinam. Vous mentionnez le nom de J. P. Sartre avec révérence, citant sa doctrine selon laquelle il faut « briser son propre enfer personnel » en se délivrant des normes sociales, qui rendent les hommes esclaves de la société. Permettez-moi de vous dire quelques mots de l’impression que j’ai eue de Sartre dans ma jeunesse, en après-guerre. Tout à coup, tout jeune bien pensant parlait de l' »existentialisme ». Tout est devenu relatif, chacun avait sa propre vérité, on n’avait plus besoin de se conduire selon les conformités de la société. La tenue et la conduite de ces jeunes en ont de suite été influencées… Moi, qui avais été éduqué dans les écoles publiques belges, j’avais appris à estimer la probité, la décence, le respect d’autrui, la politesse et les belles manières.

Victor Hugo, Balzac, la conduite exemplaire d’un Louis Pasteur envers sa mère avaient donné des valeurs de conduite humaine honorable (peut-être la conduite morale de ces deux premiers n’était-elle pas exemplaire, mais l’hypocrisie de ‘Essaw veut qu’il tente de paraître honorable aux yeux du monde tout en dissimulant ses propres aberrations morales. Au moins, il les dissimule…). Tout à coup ont paru ces nouvelles notions promulguées par Sartre, bouleversant la jeunesse, avec les Beatnicks, la drogue, l’insolence et le parasitisme social.

Efraïm Ben Yakir

 

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Nos explication sur notre article sur Sartre …

Dans notre article, Sartre était cité sur un point uniquement : lui aussi avertissait le public qu’une conduite basée sur l’égoïsme, ne tenant pas compte des autres, finirait par entrainer la personne à plonger dans un enfer personnel.
Donc, même lui insistait sur l’importance d’une limitation à se donner et à respecter, du travail sur soi qu’une vie sociale engageait. C’est uniquement dans ce sens que nous l’avons cité. Car, en fait, nous avons déjà cité Jean-Paul Sartre, et longuement, dans notre numéro 99 de téveth-chevat 5764, il y a dix ans de cela. C’était à l’occasion du décès de Benny Lévy zal : nous avons consacrés plusieurs articles au cheminement intellectuel de Benny, et en particulier à l’interaction des réflexions des deux penseurs qui ont entretenu une relation amicale et intellectuelle très proche pendant plusieurs années. Cette interaction s’est concrétisée entre autres par la publication dans Le nouvel Observateur d’une série d’entretiens entre Sartre et Benny Lévy (« L’Espoir maintenant ») peu de temps avant le décès de Jean-Paul Sartre en 1980.

Nous avons repris alors certains passages, concernant la « Question Juive », où Sartre modifie considérablement son point de vue sur le sujet, admettant quelque chose de nouveau : «… A présent, je vois les hommes autrement J’ai eu la curiosité de chercher quelle pouvait être de l’intérieur la réalité juive. Mais voilà : arriver à comprendre le Juif de l’intérieur, vraiment, je ne peux pas, il faudrait être lui. » Benny rend hommage à son intégrité intellectuelle : «…Lorsqu’il (Sartre) s’est trouvé en contact avec le réel du Juif du Livre, on ne peut que lui savoir gré d’en avoir pris acte sans avoir peur de revenir sur ses déclarations antérieures ni sur ses intérêts idéologiques. » Ce retournement a été perçu par ses adorateurs comme un retournement de veste, lié à la pression insidieuse et pernicieuse de Benny Lévy sur un vieillard ne disposant plus de sa claire pensée. Il est pourtant évident que sa lucidité tardive était tout à son honneur, bien au contraire : c’était là une honnêteté peu commune.

Cela étant, nous sommes certains que nos lecteurs ne se seront pas trompés : nous savons bien que l’oeuvre de Sartre n’est pas une oeuvre pie ! Nous ne voulions que souligner le fait que même un philosophe comme lui avait constaté que l’homme, s’il ne savait pas corriger ses pulsions, se retrouvait dans un environnement infernal pour lui, parce que l’altérité lui explosait à la figure. Ce, même chez un penseur qui prône le fait qu’il y ait lieu d’assumer son « soi », et de vivre selon les appels de sa nature personnelle !

 

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