117 – Décembre 2006 – Les bannissements des Juifs de France (1306-1392)

EDITORIAL

L’année 2006 court vers sa fin, et nous avons encore un certain devoir envers elle : ne marque-t-elle pas les 700 ans après l’expulsion des Juifs de France de l’an 1306 ? Mais, comme le disent nos Sages, il vaut mieux retarder la commémoration de catastrophes (ceci est dit quand il est possible d’avancer la date d’un jeûne ou de le retarder, quand il tombe le Chabbath), plutôt que l’avancer. Attrapons donc la présente année civile en ses derniers jours, pour présenter ce chapitre devant nos lecteurs.
C’est bien d’une véritable catastrophe qu’il s’agit, laquelle a frappé le judaïsme français de l’époque de plein fouet, entraînant l’expulsion soudaine de plus de 100.000 Juifs vers les divers pays limitrophes. Malheureusement, ce ne fut pas le seul bannissement dont a souffert notre communauté durant le XIVe siècle : les Juifs purent revenir à petites gouttes dans le pays après 1306, mais subirent à nouveau des expulsions, avant d’être définitivement interdits de séjour sur le territoire français en 1394 – jusqu’à la Révolution, ou quelques temps auparavant. Nous voudrions donc en un premier temps raconter l’histoire des ces bannissements. La France ne fut pas seulement vidée des membres vivants de la communauté juive : depuis lors, même les immeubles ou les cimetières de nos ancêtres ont été totalement anéantis ! Il nous a même été difficile de trouver des représentations de Juifs français de l’époque, ce qui n’est pas le cas pour ceux d’Espagne, d’Italie ou d’Allemagne.

 

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A cette période du début du XIVe siècle, la communauté juive de France connaît un mouvement intellectuel qui la met en danger : l’étude de la philosophie s’y développe, mais elle mène une partie de la communauté à abandonner la pratique des mitswoth ! Tout devient allégories : quand la Tora parle de Tefilinnes, c’est le principe du souvenir de D. ou d’une quelconque autre pensée qu’il s’agirait ! Les viandes interdites, les relations prohibées, tout cela n’était donc à leurs yeux que principes généraux, que D. nous protège de telles idées ! Cette dangereuse déviation a amené alors divers rabbanim, avec, à leur tête, l’une des plus importantes personnalités d’alors, le Rachba, à organiser une réaction contre l’étude de la philosophie et ces conséquences néfastes. C’est cet intéressant chapitre que nous nous proposons de développer ici, ainsi qu’un autre, qui a trait, quant à lui, à l’expulsion finale des Juifs de l’an 1394. A cette époque-là, c’est un problème d’un tout autre ordre qui secoue la communauté juive de Paris, bien plus prosaïque : celui, éternel, de savoir auquel d’entre deux rabbanim français de l’époque revient la direction de la communauté. Là aussi, les rabbanim de l’extérieur interviennent, mais chaque partie fait appel au sien : l’une des deux, au Rivach, d’Espagne, et l’autre, au Maharil, d’Allemagne. Dans les deux cas – est-ce par hasard ? – ces grands conflits à l’intérieur de notre communauté se terminent par une expulsion des Juifs du pays…
Et si nous parlions de notre maître, Moché ? La Tora tout entière ne porte-t-elle pas son cachet, lui qui était considéré comme « le maître des prophètes » ? Nous serons amenés toutefois à constater combien la Tora fait attention à ce que son rang réel soit compris et respecté – alors que de nombreuses générations ont fait erreur à cet égard, même voici peu…

Rav H. Kahn

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